Pratique de la non-violence

Pratique de la non-violence  Se détourner de la sauvagerie

 

Article n°6

Les animaux ne sont pas des objets vivants, encore moins de simples objets dénués de sensibilité. Ce sont souvent des êtres souffrants du fait même de nos comportements à leur égard. Nous pourrions nous inscrire dans un rapport de compassion avec tous les animaux vivants. Mais cela supposerait un changement d'attitude de grande envergure. "Pourquoi deviendrai-je végétarien ou végétalien ?" Cette question intime n'a jamais paru aussi cruciale à l'heure de la dévastation du monde, des fermes-usines et de la surpopulation.

 

Le soir? Nous reprendrons la route blanche qui court flânant comme un troupeau qui broute, tout à l'entour.

 

Les bons vergers à l'herbe bleue, aux pommiers tors! Comme on les sent toute une lieue leurs parfums forts!

 

Nous regagnerons le village au ciel mi-noir; et ça sentira le laitage dans l'air du soir;

 

Ça sentira l'étable pleine de fumiers chauds, pleine d'un lent rythme d'haleine, et de grands dos

 

Blanchissant sous quelques lumières; et, tout là-bas, une vache fientera, fière, à chaque pas...

 

Rimbaud

 

 

Constat

L’association L214 a une nouvelle fois révélé la sauvagerie pratiquée dans deux abattoirs du sud de la France (vidéo ci-dessous). Malgré les scandales récents et leur dénonciation publique, ces pratiques continuent dans une quasi indifférence. Une forme de déni de la réalité jette un voile obscurantiste sur une cruauté sans cesse renouvelée. Les autorités se cachent souvent derrière le respect des règles sanitaires en vigueur, l’obligation de protéger les employés soumis à des conditions de travail physiquement et moralement éprouvantes, le respect des procédures d’abattage et le contrôle quotidien des techniciens et des vétérinaires des directions départementales de protection des populations.

 

 

Violences cycliques

Refus finalement de réfléchir à l’essentiel pour ne pas déstabiliser une filière, bousculer des habitudes alimentaires, éviter ainsi la confrontation avec la violence exercée contre des animaux innocents et dociles. Refus également de rompre les désirs de l’estomac et l’appétence des plaisirs gustatifs, sans songer un seul instant à la souffrance qui les habite et qu’ils engendrent. La boucle ainsi se perpétue comme si rien ne se passait, sans songer à essayer de comprendre collectivement les raisons de la souffrance que nous imposons à des animaux qualifiés d’animaux de consommation. Alors même qu’éveiller cette compréhension collective nous aiderait chacun à mieux comprendre la violence que nous nous infligeons.

 

L’élevage industriel a systématisé, rationalisé et régulé la cruauté à l’égard des animaux. Les révélations sur la réalité des abattoirs est la partie immergée de l’agrobusiness. Que dire enfin des coutumes religieuses (kascher, halal) venues amplifier le calvaire d’êtres sensibles égorgés sans étourdissement ?

 

 

Un autre chemin possible

À bien y réfléchir et avec une once de sensibilité, on quittera un chemin baigné de sang, propre à abaisser notre dignité et celles de nos enfants. Car se nourrir de chair violentée ne peut guère contribuer à élever notre niveau de conscience. Or ce dont nous avons besoin, c’est bien de ressentir la formidable richesse de la vie en engageant notre responsabilité dans le respect sans égal pour les plus faibles des êtres vivants. Si nous recherchons une vie prospère, harmonieuse et heureuse, comment pouvons-nous introduire dans nos actes quotidiens les facteurs de reniement d’un tel élan ? Ne pourrions-nous pas éduquer nos enfants aux moyens d’éveiller cette force intérieure nourrie de bienveillance et de compréhension ? Celle-là même qui peut éclairer une vie, embellir les relations et honorer la vie.

 

 

Agir

Nous pouvons faire beaucoup à partir de nos propres assiettes. Ainsi être végétarien ou végétalien demeure un acte éthique, politique et social. Éthique, parce que nous nous engageons à cultiver avec raison le bonheur du monde et le bien-être des êtres vivants dans une pratique étendue de la non-violence. Politique, parce que nous savons que l’alimentation carnée favorise la destruction du monde et la perpétuation de la famine dans les pays du Sud. Social enfin, parce que nous souhaiterions que nos enfants aient accès à des repas végétariens dans les cantines scolaires.

 

Agissons envers les animaux comme nous voudrions que l’on agisse envers nous.

 

 

© Alain Grosrey, 30 juin 2016

 

 



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